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samedi 14 août 2010

pour faciliter les tirages papier, le même blog mais sans photos, http://unefemmedetrop.blogspot.com




Pour son anniversaire, un diaporama sur Anna Politkovskaïa [afin que ces sordides affaires n'obèrent pas l'horizon réel] 




Le monde réel à 3 heures d'avion
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                          Le "monde" à 3 minutes de vélo

Saint Ambroix à présent, après Moscou
Résumé des épisodes précédents

A mon retour au pays, la mairie de mon village -disons pour faire vite la "droite"- avait exigé de moi 4000 euros pour une facture d'eau d'une maison que je n'avais jamais habitée dont il s'avèrera que le compteur ne marchait pas... coupé l'eau (c'est toujours le cas, j'ai juste un filet éjaculateur précoce) puis tenté d'en faire autant dans ma maison principale, habitée. L'autre, par contre, était vide hélas car le père du maire actuel -gauche panachée tristounette-, challenger à l'époque de l'autre ! avait démoli la bâtisse adjacente et dans la foulée, un peu la mienne! Non ce n'est pas un gag. 


Du coup, le haut mur mitoyen se décrochait dangereusement sur un parking. C'est pendant  le mandat du nouveau maire que mon compte a été saisi, bien que l'équipe ait été élue en raison de la gestion "aléatoire" de la "droite" qu'elle allait assainir -mon cas constituant un paradigme cocasse de cet "aléatoire"-. L'ordre venait de l'ancienne équipe mais, lorsque j'étais allée protester auprès de la nouvelle, je m'étais heurtée à plusieurs adjoints agressifs qui "ignoraient" l'affaire -pourtant objet de plusieurs articles- et me jetèrent fortement -très très !- que cette facture serait payée de toutes manières un point c'est tout !.. [Peu avant, le "démolisseur" avait dû reconstruire ma maison à ses frais.] En désespoir de cause, éreintée par cette série*, je me suis résolue à la porter en place publique par une grève de la faim de 3 jours deux fois de suite. Jusqu'à présent en vain.
*  Il y eut aussi,  intercalé, un épisode burlesque dont je ne puis parler car il est encore en cours de jugement.


D'où :

Grève de la faim: dur ! (voir le blog précédent, les conseils à ceux qui voudraient se lancer et les séquelles:  agressivité, euphorie, saute d'humeur...)  "Négociations", promesses indirectes surtout reliées à la médiatisation, et rien -d'écrit- depuis. J'"occupe" donc le perron de la mairie avec mes affiches et je me suis fabriquée un "peplum" dazibao  -une "écharpe"- où est inscrit le texte que je ne quitte pas où que j'aille. Une pétition a recueilli (200?) signatures, je n'ai pas compté. J'ai tenu au jour le jour le journal de cette expérience.




Au jour le jour reprise...



14 août 2010

Je passe en vitesse au petit supermarché-drugstore chercher un chevalet pour mon affiche – elle tombe tout le temps-... que je ne trouve pas. Qu'importe, j'en bricole un avec un ''valet de chambre'' abîmé qu'on me solde. Ca va au poil, mieux même qu'avec un chevalet. Des femmes me parlent spontanément, j'avais oublié que j'avais mon ''péplum'' tant j'en ai l'habitude à présent. J'explique, il me semble que la patronne fait la gueule -pas sûr-. Et puis, business, je suis une bonne cliente. -Elle vend des toiles-.






Mais d'autres -non, une autre en fait seulement- semble m'ignorer, malchance, on se croise plusieurs fois dans les allées et à un moment je me trouve nez à nez avec sa fille, je lui dis bonjour, la petite répond en même temps et je file, je suis pressée et je sens un malaise... Cela corrobore : presque tous les gens de mon quartier sauf C., D. et peut-être G. se sont, ô discrètement, ''distanciés'' de moi, allant ainsi à contre courant de l'ensemble... Cela signifie, soit que le quartier est particulier, soit ? Particulier, il l'est en effet : la même femme avait autrefois fait passer une pétition protestant contre le projet de lotissement d'un gros propriétaire. Le coup classique, il lui avait vendu une maison bien située mais au milieu de ses vignes, puis décidé de lotir la parcelle la jouxtant qu'elle avait été "obligée" d'acheter [au prix du terrain à bâtir]... et à présent une autre... ainsi de suite..

Je l'avais évidemment signée.. puis l'avais un peu regretté en raison de la manière dont elle était rédigée. En substance : ''nous''étions un endroit privilégié et culturel [deux filatures, etc..] et tenions à le rester''. Autrement dit ''out les prolos''. Je le lui avais fait remarquer  après coup ["je trouve que le quartier manque d'enfants et un peu de vie et au fond avoir des voisins sympa ne me dérangerait pas, c'est plutôt l'inondabilité qui me dérange"] ... elle m'avait répondu agacée quelque chose comme ''si je me sentais seule, je n'avais qu'à faire un site de rencontre'' -ce n'est pas la lettre mais bien l'esprit-... 

Sympa pourtant, très nature, écolo, et ouverte, c'est une de ceux qui est allée le plus souvent au chemin défriché et qui a sans doute participé largement à son entretien, mais après que j'aie commencé -elle ou plutôt ses enfants-, mais visiblement désireuse de rester ''bien'' avec tous, elle prend ses distances envers celle qui avait lancé l'opération de restauration...  opération qui n'avait pas plu à tout le monde -à dire vrai, à tous sauf à un seul, tendance fortement "anti-défricheur" disons-. 





Très sportive, très ''randonnée'' et je l'y ai pourtant vue assez souvent avec des clients -elle a des chambres d'hôtes- qu'elle avait amenés : c'est le seul chemin qui demeure encore ! Cordiale dans la campagne, filante en public, soit. Mon péplum y est peut-être pour quelque chose. Elle doit se dire que décidément j'ai beaucoup d'ennuis et que ça n'est pas de bon augure. Il convient de mettre un bécarre à une relation si compliquée... même si celle qui sent le soufre maintenant a l'avantage de s'être coltinée des ou plutôt notre un anti défricheur... avec lesquels il faut aussi être "bien" etc...  Mais je suis auteur aïe, et le net indique bien dans quel sens il faut tourner, bref tout ceci est très compliqué... d'autant que ce projet de lotissement qui la désole -mais non moi car je trouve en effet que le quartier manque terriblement d'enfants, nous ne sommes pas très reproductifs- bref ce projet est tout de même laissé -dans quelle mesure ?-  à la discrétion de la mairie.


Passons... Quand tout ira bien, elle me ''verra'' à nouveau. A moins que je ne devienne parano tant j'ai subi en ce moment. Elle a peut-être tout simplement comme moi une rage de dent qui l'empêche de sourire. Et puis-je lui demander plus qu'à mon ex meilleure amie en poste ? 






La fête... Mon immense plaisir d'enfant attendu quasiment toute l'année, et à présent c'est plutôt l'inverse.... Le bruit, les manèges... Il me semble pourtant que c'est bien plus calme à présent. Saint Ambroix est en berne, décidément. 

Elément un peu ''narcissisant'' et j'en ai besoin en ce moment, de plus en plus de gens me regardent amicalement, non pour l'affiche puisque j'en suis loin, Hamid ayant mis des tables de restaurant à ma querencia habituelle... [ils semblent me reconnaitre, je le vois ou le devine très clairement, ils portent les yeux sur moi, puis une fraction de seconde et leur visage s'éclaire, ils sourient, insistent, du coup je les salue légèrement, ils hésitent... et partent comme à regret. Timidité, la leur et la mienne également.] De la galerie ? de signatures ou conférences et cependant j'en ai fait très peu ici ? Ou peut-être de ce film où on m'a ''intégrée'' malgré moi ou plus exactement sans me le dire car j'aurais été d'accord, qui me ''pend au nez'' à tout instant. 

 



Comme je n'ai quasiment pas la télé à présent, si ça se trouve, une chaîne câblée [ciné classique je crois, une fois] l'a fait repasser sans que je ne le sache, comme ''arte'' autrefois une vieille interview un jour sans doute qu'ils étaient en panne ; c'est C. qui me l'avait dit le lendemain. Naïvement, j'avais démenti: ''non'', impossible... (puisque je n'étais pas au courant, voyons !) mais des gens d'Anduze avaient bien confirmé. Il faut dire qu'avant toute interview, on vous fait signer -sur le plateau, à la hâte, en général pendant que le maquilleur-coiffeur vous bichonne sous les feux des sunlights, du coup, vous devenez tout rouge et ensuite il faut vous poudrer tout le temps- ...des tas de papiers que personne ne lit. On ''abandonne'' son droit à l'image et ''autorise'' toute ''exploitation'' artistique de ce qui va être recueilli à des fins non commerciales bla bla... (On ne peut pas vous ''utiliser'' pour faire la promo de pâtes ou de sous vêtements, mais pour le reste...)




La pétition se remplit à la vitesse V, je n'ai même plus assez de feuilles, les gens sont obligés de signer au delà des lignes. Les municipaux sont passés en rang serrés et ont viré vers le foirail, je redoutais encore le coup de la zone bleue, apparemment c'est fini. Ou alors ça ne vaut pas pour le soir. Je craignais aussi les gens mornes derrière leur barbe à papa, épuisés de chaleur traînant tristement devant les baraques avec des enfants aussi fatigués qu'eux, ce n'est pas le cas. Il faut dire qu'il fait moins chaud aujourd'hui, on a même l'impression qu'il va pleuvoir. Ce serait bien pour le plaqueminier que Robin m'a offert afin de remplacer l'autre mort d'avoir été inondé : les ouvriers -de l'ancienne équipe municipale- avaient bouché une buse en bas de chez moi pour éviter que l'eau ne se déverse chez un gros agriculteur en contre bas... [le lit du ruisseau qui traverse mon jardin et qui longe ensuite la route ayant été déplacé] si bien que cette partie de mon terrain était devenu un lac. Tôt ou tard, le mur aurait cédé. Tu t'endors tu es mort, toujours. Etrangement, les oliviers centenaires eux, ont résisté. Le plaqueminier, c'était Lydie, les oliviers, Marguerite.
Toujours le vieux monsieur poli aimable réservé qui vient cette fois avec le sourire me ''voir'' comme on va voir un monument historique. Hier, il était revenu gentiment après réflexion me dire ''vous savez, ce n'est pas grave et toute seule vous n'arriverez à rien... et puis on est tous un peu dans ce cas, moi aussi, par exemple, je suis endetté..'' Je l'avais rembarré sec : '' ce n'est pas la question, c'est une question de justice et on est nombreux à être ou à se croire ''seuls'' face à une administration... En m'exposant, je montre qu'on ne l'est pas, justement.'' Voilà quelqu'un de sincère certes mais qui lui aussi croit que je mendie en somme son approbation... La passivité incarnée, et cependant celui-ci semble un bourgeois. 
 


Une observation : dans ces cas, l'agressivité ''soft'' remet les pendules à l'heure. Discuter, tenter de convaincre en ravalant l'énervement que ceux-là suscitent, c'est les conforter dans l'idée que l'on s'abaisse, que l'on ''mendie'' et du coup le faire réellement : une perte de dignité et de temps. En revanche, si on leur signifie en d'autres termes : ''c'est comme ça, je sais ce que je fais, c'est bon, salut etc...'' ça les rassure et ils changent d'attitude, l'agressivité est le signe qu'on n'a rien à leur vendre, qu'on ne leur demande rien, même pas de prise de position. Ouf ils sont à l'aise, les marques sont posées. Ces gens agissant ainsi envers eux-mêmes, leur demander d'agir autrement envers d'autres [voire envers eux-mêmes car c'est pareil] constitue une quasi violence à laquelle ils réagissent mal, c'est comme si on leur imposait un marathon.

CQFD. Apparemment il a réfléchi, peut-être est-il seulement lent, et à présent il veut signer. Je ne le lui ai jamais demandé. Soit.







Un couple dont la femme est greffière de justice. Ils ont du mal à comprendre. Sans doute m'exprimai-je mal. Elle travaille dans une ''maison de justice'', je ne sais pas ce que c'est... avec la gauche dit-elle, tiens tiens, ça, c'est intéressant.. Elle rit : ''Et ils sont aussi pourris que la droite'', chez elle du moins. Elle me recommande -bien sûr- un procès. Triple zut, j'ai encore du mal avec ça. Robin le fait au chiqué, grande habitude familiale, mais pas moi, papiers, lettres recommandées, avocats... fatiguée. Et puis quand je m'y mets, je ne peux plus m'arrêter ! Internet, articles, tout y passe.

[A ce sujet, attention à certains ''forums juridiques'' qui ne sont que les rabatteurs d'avocats ou de ''juristes'' escrocs, et on ne les détecte pas tout de suite. Leur principe étant de donner des infos parfois justes mais d'autre fois inexactes, toujours ad pejorem... afin que le chaland affolé se précipite dans les griffes de ceux pour lesquels ils chassent, c'est à dire probablement eux-mêmes. Une fois, j'ai cru à une erreur et j'ai rectifié. Deux fois, décidément, ils n'étaient pas en ''forme'', j'ai à nouveau rectifié... mais à la troisième, je me suis faite ''rappeler'' à l'ordre... et interdire de forum ! C'est alors que j'ai cherché un peu plus avant sur le site : ô stupeur, de la pub, bien évidente pourtant, pour tel ou tel cabinet d' ''avocats en ligne'' (!) défilant en bandeau dès l'ouverture de la page d'accueil. Un petit coup de google sur ces ''cabinets'' : tous étaient dénoncés comme escrocs. CQFD. J'ai alors moi même dénoncé le site "rabatteur" pour lequel j'avais naïvement milité avant. Internet: un bon flic, pour le meilleur en le cas. Il est épinglé à présent, malgré des compères qui ont tagué en masse d'autres sites pour en dire le plus grand bien, de bonne guerre. C'est le site qui arrive en premier, je ne puis en dire plus.



D'autres en revanche donnent ponctuellement d'excellentes infos. Il faut seulement trier, vérifier, re vérifier... Au fond, c'est passionnant mais cela donne une image terrible de la société. Je me souviens notamment de ces jeunes (30 ans) condamnés à verser une ''pension'' à une belle-mère veuve -la femme de leur père décédé- plus jeune qu'eux... toute sa vie... qui avait également l'usufruit de la maison familiale, ruinés, définitivement spoliés; impensable inconséquence d'un homme âgé, leur père...]
 

Une discussion un peu ''perso'' avec un couple venu s'asseoir pendant que j'écrivais dont la femme s'imposa : elle voulait parler. Intarissable bien qu'intéressante... sauf que son histoire [inutile de la dire ici] n'avait qu'un rapport très lointain. [La justice aurait été de connivence avec son adverse en raison de sa position "politique", celui-ci étant simple employé d'une mairie ; ce n'est pas du tout ce qui m'est apparu perso]... Impossible de l'arrêter. Sagace cependant et sans illusion. Ce qu'elle vivait était certes un drame dont elle soulignait la dimension incommensurable par rapport à ''mon'' affaire, grave mais ''pour moi'' seulement. J'ai rectifié, ''pour tous''... elle en a convenu. Elle est finalement partie en me disant en riant que si la télé venait, elle aimerait bien être prévenue pour qu'on la voie aussi en arrière plan. Elle veut qu'on lui rende justice, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent. Une triste affaire familiale. Lorsque des gens se livrent ainsi -ce qui est bien aussi ne serait-ce que pour eux- les autres ne peuvent -ou n'essaient même pas- vous approcher.

 

Mais un homme cependant a passé carrément la barrière de la dame, un homme d'action! Un monsieur très particulier, venu sans doute exprès en vitesse, il a à faire ; trois minutes de discussion, c'est tout, et c'était fondamental, décidément, ça se dénoue. ''Je connais votre affaire... et ça commence à bien se savoir à présent... pour tout dire, on en parle beaucoup...'' Ouf. Je ne sais pas qui il est, tant mieux. Il me fait une proposition intéressante, c'est la première fois... et c'est la seule à faire d'emblée en effet. Ca m'a requinquée, après la dame et son drame.
Tout va bien.


15 août

Le jour J. de Saint Ambroix... le seul où on sait pouvoir aller manger, acheter des clops, prendre un café même à 15 heures ou 1 heure, où on se sent un peu comme à Pigalle, les sex shops en moins. D'ici -à 1 km- j'entends le bruit, la musique foraine, moins forte qu'autrefois pourtant, comme on dit "ça baisse", même le 15 août folklo avec ses chars, ses manèges, ses gus bourrés... n'est plus ce qu'il était. 


Curieux spleen ce matin. Le syndrome de la "solitude du coureur de fond" en somme, ce syndrome qui est réellement "reconnu" à présent depuis "Secret de famille" (!) j'aurais dû demander des royalties, il paraît que ça se fait... Et ça m'arrangerait bien en ce moment! Fichu "syndrome" qui parfois fait que, devant la ligne d'arrivée, conscient soudain de l'inanité d'un combat, on refuse de la franchir : la bagarre qui va cesser et qui a absorbé toute l'énergie durant des mois a fini par devenir une seconde nature, une compagne agréable -l'érotisation d'un combat est nécessaire pour pouvoir le mener à bout- ... et lorsqu'il va enfin cesser, le vide béant angoisse..  Chance, il ne cesse jamais tout à fait mais se transforme simplement, se déplace. Allez, go !


Différences de cultures

La fête... les gens attendent les chars. Certains prudents se sont garés... près de chez moi, à 1 km ! Un gus en voiture avance péniblement, il y a au moins vingt centimètres de chaque côté mais il hésite...



Je me gare dans le village, une jeune garde municipale me demande gentiment ''si je compte rester'' je lui dis non, juste décharger, elle consent. Je trouve une place vers la gare, pas trop loin... Je m'installe sur le perron avec mon affiche, relativement discrètement. Des femmes arrivent excitées avec des gamins qui boudent, ils préfèreraient les manèges, cris, disputes... J'ai mis mon chevalet un peu en évidence et je leur propose de le pousser car il gêne la vue, c'est elles qui ''s'excusent'' de me déranger et qui grondent le gamin assis derrière moi sur les marches qui balance les jambes... ''Tu déranges la dame, si tu continues, je vais aller te coucher''.

Différence de culture, les gens ici sont tolérants, presque trop... C'est bien ce qui fait illusion. A Paris, je me serais faite disputer. Mais ils auraient lu l'affiche et l'auraient commentée... voire plus. Là, non.

Je me détache des obsessions quotidiennes; les désagréments ne semblent ne plus me toucher comme avant. Je ne retrouvais plus mon téléphone ni mon porte monnaie -il y a ma carte bleue dedans- cela ne m'a nullement inquiétée, j'ai dû le laisser au Ranquet, c'est tout. On s'habitue au stress qui remet les choses à leur place. Ainsi après les inondations mes locataires galeristes ultra maniaques ne se sont-ils plus souciés des consciencieux pipi de mon caniche aux quatre coins de leur beau cagibi, source d'innombrables remontrances :  ils n'avaient plus de cagibi mais un tas gluant infect de boues et gravats sur lequel, plus que jamais fidèle au ''poste'', le petit poilu affairé, nez frémissant, levait à toute vitesse une patte puis l'autre. Ils ont même ri, ce qui était rare chez eux.

Passe l'inévitable, LE mimitant (je laisse le lapsus, c'est ''militant'' bien sûr) qui lit et m'annonce qu'il fait partie d'un comité anti chômage que je dois contacter d'urgence si je ne l'ai déjà fait... ? ''Il'' a occupé la bourse du travail... en 2003 ! et me raconte, brièvement parce qu'il veut voir les chars tout de même... OK je vais les appeler tout de suite... et là il précise qu'ils n' ''ouvrent'' pas avant septembre! Je me marre. Il me recommande alors chaudement le député Bidile-qui-fait-tout-pour-tous... que j'avais déjà contacté et qui n'avait même pas daigné prendre l'appel... Pas grave, mais JB, pour le foyer de jeunes travailleurs menacé de fermeture l'avait littéralement harcelé - elle le connaît fort bien, il a été son étudiant- : en vain, il n'a jamais levé le doigt pour sauver les 70 immigrés. Ca s'était terminé assez ''hard'' ("fils de pute" très excatement)... et les types ont effectivement été jetés dehors. C'est ce que je tente de dire au ''mimitant'' - encore faut-il l'empêcher de me couper sans arrêt-... qui me répond doctement que ''sur ce point, il ne peut me fournir aucune information'' comme si j'en requérais. ''Mais je ne vous en demande pas, je vous en donne !'' ... "D'accord mais ça dépend, Bidile peut être excellent pour les coupures d'eau et d'électricité...'' !! ''Oui, mais les immigrés peu vendeurs sont passés aux pertes.'' Je croyais l'avoir ulcéré, mais non... et il signe la pétition en expert.

Pourquoi ont-ils tous ce ton scandé, gentil mais docte, répétitif, coupant tout le temps la parole, cette allure négligée, rouge et cette impudente innocence ? Celui-ci me cite pour finir une phrase -qui ne veut strictement rien dire- attribuée au ''Che'', son héros, un ''très grand philosophe''... la répète avec délices -car j'ai dû avouer que ''je ne la comprenais pas''- et menace de me l'expliquer. J'ai été sauvée in extremis par le gong. Les chars arrivaient. Bruit infernal. 
 
Les gens passent, peu m'abordent, il sont occupés par la fête. Je m'en fous, je voulais juste être là. Je préfèrerais être à la maison.
Et puis finalement une bonne surprise, le panneau que je croyais volé -c'est une assez belle planche- a tout simplement été déplacé plus loin, visiblement par des gens qui voulaient qu'il soit plus en évidence ! C'est D. qui me l'annonce à sa manière un peu brute... Drôle de gars, intéressant, brillant, presqu'un ami, mais sous des dehors bravaches, un pleutre égocentrique. Un être comme je n'avais jamais vu avant et qui ne se conçoit pas ailleurs qu'ici. Un village fermé convient tout à fait à ce genre de rescapé de la vie. Il a sans doute dû faire de la prison : les gars en sortent brisés, solitaires, effrayé par leur ombre et aussi imprévisiblement agressifs, sans aucune morale pratique parfois : c'est chacun pour soi, même si lui met tout de même les choses parfaitement à leur place, en théorie du moins. Il ne faut pas lui demander autre chose, son agressivité surgit alors immédiatement, incontrôlable. Je connais à présent le mode d'emploi. Au fond je l'aime bien parce qu'il ne se paie pas de mots.
 
''Ils devaient être bourrés, évidemment...'' dit-il de ceux qui ont déplacé le panneau, sans observer qu'ils l'ont justement apposé là où il était bien plus visible. Pour tout ce qui ne le concerne pas, il ne daigne jamais exercer son intelligence pourtant redoutable, si bien qu'il se fourvoie sur tous... sauf sur lui-même, sa propre introspection étant particulièrement fouillée, digne d'un psy pointu ou d'un philosophe. Les autres au fond ne l'intéressent pas ou plus, ce qui ne l'empêche pas d'être très sympa... à condition qu'on ne lui fasse pas "violence", et pour lui la violence, c'est de lui demander de mettre ses actes en accord avec ses propos. 
Génial, je récupère le panneau. J'ai donc ici des ''amis'' inconnus, discrets et efficaces car ce n'est pas la première fois que cela arrive. Ca me donne du courage.

La technique: de plus en plus, des gens sortent leur appareil photo pour prendre l'affiche et le blog avec. Plus de stylo, juste le numérique. Certains surfent directement. Plus de paroles non plus. En un sens, c'est bien.
 
Un peu triste aussi : la jeune et belle serveuse qui s'était souciée de moi ("où elle est la dame qui fait une grève de la faim?" avait-elle demandé un jour que je m'étais installée dans la petite salle où personne ne va) a quelques ennuis. Etre saisonnier n'est pas le pied. C'est la plus sympa, la plus ouverte et la plus intéressante de tous. C'est peut-être pour ça. 

Et une rencontre pour finir, le plus importante peut-être: le maire d'un village. Extraordinairement féconde à tous points de vue, tous les élus ne se ressemblent pas, je retire ce que j'avais écrit hâtivement. Sans doute décisive. Le moral soudain... Et la fatigue aussi.


Lundi 16 août

J'arrive tard, les blogs à corriger... vérif des visites, messages etc...

Une rencontre avec deux femmes d'Arles qui signent la pétition. Que c'est facile avec ceux qui ont ''le net''... et combien les autres se sentent-ils exclus ! Deux ''castes'' se forment: ceux qui peuvent être informés au jour le jour, et ceux avec lesquels il faut passer par le direct, les discussions devant l'affiche, les explications -parfois longuettes- etc... Et encore ! Jojo qui pourtant a le ''net'' -mais il le manipule mal- et qui me soutient depuis le début... vient juste de ''découvrir'' l'affaire (!) en venant à la maison et en observant que le mur était REFAIT. Malgré nos discussions, il n'avait pas saisi : il faut à certains le REEL, la vision directe de la chose pour que l'intellection se mette en marche... et cependant c'est son village et c'est à un jet de pierre de chez lui. On est tous un peu ainsi, mais là tout de même. Cela explique qu'il ne s'intéresse pas à la Tchétchnie: ce n'est pas parce que ''c'est loin'' mais c'est parce qu'il ne la ''voit'' pas. La rue Désiré lui semble aussi éloignée de la place de la mairie que Grozny de Moscou... et pas beaucoup plus ''distante'' que la Russie. La distance est dans la représentation réelle de la chose à partir de ce qui en est dit. Pour certains, la parole ne ''signifie'' pas [elle est insignifiante] ou plutôt ne ''représente'' pas [c'est une image vide]. Dire ''ma maison se démolissait'' n'est rien ; la voir démolie est tout. 




C'est peut-être la raison pour laquelle ''on'' répète beaucoup [une chose dite une seule fois ne compte pas]... ou que les gens parlent parfois un ton trop haut [un événement exposé à plat n'est pas réel et ne saurait être dramatique]... ou gesticulent : le geste est parfois déclencheur de la représentation donc de l'idée. Il faut donc y aller à coup de marteau. Cause ou conséquence ? ce sont les gens les plus démunis à qui il ''en'' faut le plus. Et justement Jojo est dans une situation très difficile. En fait, il m'a ''soutenue'' par simple et directe amitié, de confiance : ceux pour qui la parole ne dit rien remplacent la réflexion par la foi. Ils ne ''pensent'' pas, ils s'alignent. Ca peut tomber bien... ou mal. Une simple question de hasard ? Non, pas pour lui : il juge par les actes, signe d'une certaine sagesse. Je n'ai jamais forfait, je n'ai pas de casseroles = je suis ''bien'' : dans un combat, il sera ''avec'' moi et fera ''siens'' mes ''ennemis''. Malaise tout de même. Certains peuvent aussi ''juger'' par la famille, ce qui est profondément injuste. Ma famille est ''bien'' donc je suis ''bien''.




Qu'il est confortable de voir quelqu'un surfer directement et venir déjà informé signer. Du coup, on privilégie forcément ceux-là et on blesse injustement les ''autres''. Les deux jeunes femmes me disent que j'ai du courage : sympa -mais inexact-. L'une d'entre elles a vécu [mais au travail] une situation qui hélas me parle et me touche : ayant aidé une collègue à attaquer le patron aux prudhommes [elle a gagné]... elle a ensuite été harcelée par celui-ci avec l'aide de la femme pour qui elle avait ferraillé, liguée avec le boss qui tentait de la faire virer pour ''faute''. Ca me rappelle quelque chose.

Un couple toulonnais... ils lisent, lui surtout, fort attentivement, j'ai cru qu'il était prof, mais non... La conversation est si longue que je leur propose la pétition, mais ils veulent surfer avant. Puis, lui me dit avoir une sciatique, je lui donne le truc de la planche [voir le net] et leur parle des blogs et du succès de certains, en précisant qu'il faut ''enlever'' les visites -en masse- du Kurdistan... 

Et là, un événement stupéfiant : la conversation dérive sur ma visite et la manière émouvante dont j'ai été reçue, mon épuisement après l'avion de devoir répondre aux questions de tous accourus pour me voir, et en anglais etc... et la réflexion comique de Saar qui demande à sa femme [la douce Sohar observe que je suis claquée et leur demande de me laisser enfin aller dormir]... de ''me faire un café bien fort'' [mes yeux se ferment par moment] il avait tant à me dire encore sur ses combats etc (!) ... ET EXACTEMENT AU MEME MOMENT, LE TELEPHONE SONNE : C'EST LUI qui, à 1000 km, a l'air de vouloir s'introduire dans la conversation !!! Ca arrive parfois, surtout avec lui. Un signe sans doute. De quoi ? Je suis sa "sœur" officielle, et chez les kurdes, ce n'est pas de la blague. J'avais souri de cette "proposition" [en fait ordonnée]... mais il faut croire  que ça a l'air de marcher. Transmission de pensée ? Les blogs? Quel est ce lien mystérieux qui le fonde à m'appeler à des moments particuliers ?  



Toujours les mêmes histoires aux troquets : des saisonniers exploités, tout le temps renouvelés, des heures sup non payées etc... mauvaise ambiance, on le sent. Déçue de la part de certains, quoique j'ai eu quelques info significatives à ce sujet, mais issues de gens... assez peu fiables ! Sauf que là, l'info est en train de se croiser. 

Le monsieur au "respect" [voir le blog précédent] passe, sourit, et me dit: "respect", justement ! Je râle un peu : "qu'est ce que ça veut dire ? Dire je vous respecte c'est dire une évidence* etc..." Mais visiblement il a lu mon post-réponse (?) et il rectifie : "ça veut juste dire que vous vous débrouillez bien avec l'ordi." Donc "félicitations" OK. Décidément, je ne "parle" pas pour rien, ça c'est bien!

* Il m'avait reproché un post, depuis enlevé, en me disant "je vous respecte, moi..." et j'avais observé que préciser une chose aussi évidente était hautement suspect : c'était supposer qu'il pourrait ne pas le faire ou en tout cas se  placer dans une position telle qu'il m'accordait OU NON le "respect"... C'était comme dire "je vous laisse la vie" etc...     

Il n'y a pas grand monde au fond si je compare avec mes souvenirs d'enfant -je ne vais jamais à la fête depuis la mort de Marguerite qui ne l'aurait ratée pour rien au monde...- à moins qu'à présent, j'évalue différemment le nombre de gens ? 
 
 
Saint Thomas
 Un cas : un Saint Thomas, la cinquantaine sonnée,  arrogant -ingénieur des mines me dira-t-il lorsque je le lui demande-... qui ''ne croit pas'' mon histoire... ''c'est trop énorme, voyons''...  Le fait est. Je lui montre la facture, par chance, je l'ai. Il le ''croit'' puisqu'il le ''voit'' mais ''voyons c'est une erreur''... Ca oui ! ''Et que dit le maire?"  Je ne réponds pas, tanquée. "Parce que tout de même, le maire... est une personne morale, pas un quidam comme vous etc"... Il suffit de... en somme... Car vraiment, "il ne comprend pas et ne peut croire... etc... une erreur, vite réparée.. voyons noyons..." (je laisse la coquille)... Je me suis énervée. C'était sans doute son but : abruti à ce point, ça ne se peut pas. Il part en riant bizarrement. Un "asperger" borderline obsessionnel de l'ordre et de la hiérarchie ? Ca peut se trouver parfois chez les matheux, les juristes ou les policiers. Ou un homo refoulé viré misogyne intégriste ? Plus rare, et rien à voir avec les matheux,  mais... Ou les deux ? Mystère... Rare, unique tout de même. Malaise. Il est parti ne pouvant pas croire -ou le feignant-...  en précisant "400 euros, mmm..." J'ai rectifié "non, 4000" [discalculique? ça se trouve même chez des matheux] et il m'a répondu dans une veine très kantienne que "ça  ne changeait rien" en quoi il n'a pas tort.

Et puis à nouveau, une autre face de la vie : un copain retrouvé que je n'avais pas vu depuis 30 ans. Il ne vit pas ici et ne vient que très peu. Comme moi avant. Il n'a pas changé, sympa, agréable, positif, et snob. Le temps s'est arrêté.

Pas une très bonne journée en somme malgré les deux arlésiennes. Ca arrive. Je pars vers 1 heure après le feu d'artifice -qui coûte combien?-... et arrivée chez moi, trouve ma serrure bloquée. Quelqu'un a-t-il essayé de la forcer en vain ? culotté, avec les chiens derrière. Je tente de la débloquer : impossible. Je passe par l'autre porte... mais le couloir est fermé et la clef est engagée. Impossible de la faire tomber. Démontage, un jeu d'enfant... mais repousser cette foutue clef, niet... sauf que le bout apparaît au fond, très visible... et après une dizaine d'essai avec une petite pince coupante pointue... miracle, un clac et la porte s'ouvre. Tout va bien. J'y ai mis 2 heures, et avec les phares pour la partie extérieure du boulot. J'avais appelé J et K mais ils étaient à la fête sans doute. Pas mécontente finalement d'y être arrivée seule. 


C me dit ce matin que "j'aurais dû l'appeler", je le rembarre, les discours "taraf" [mot iranien qui signifie "formels" ou "qui proposent quelque chose que l'on sait impossible"] raz le bol, il encaisse, le pauvre.

Mardi 17 août

C'est mardi. Dans la boîte, une lettre retransmise... j'en parlerai ensuite. C'est une copine -que j'avais un peu aidée autrefois- qui, briefée, me tacle. Soit. Encore une illusion perdue. J'appelle son ex mari, un ami, il ne se montre pas étonné, il m'avait déjà dit qu'elle était ''comme ça''. Je ne l'avais cru qu'à demi... Il a donc raison ad pejorem. Cela n'a aucune importance pratique mais psychologique. Elle a donc ''cru'' les avanies distillées par celui qui l'a briefée, et elle le dit naïvement [ce qui est une bonne chose car on voit ainsi comment ça s'est passé.] Et ça la dédouane un peu : sotte et non perverse. 

Vais-je devenir comme F. qui tient à bonne distance ''ces gens-là'' tout en maintenant avec eux des ''relations'' polies, dosées a minima... petit sourire rapide lorsqu'elles se rencontrent au supermarché et vite elle passe... car F. malgré tout, mange... et l'inconvénient de devoir faire ses courses est d'avoir parfois à côtoyer la ''gentuzza'' [encore qu'en général elles ne vont pas aux mêmes endroits.]

Au fond, l'éducation nationale protège -relativement- : les intellos ont une "dignité" qui me semblait naturelle et qui ne l'est pas. Jamais parmi ''nous'' -à ma connaissance- il n'y eut de ''cas'' semblables : un/e gus que l'on aide et qui vous tire dessus juste après pour ? pour rien... selon le principe du ''chacun pour soi'' encore plus fautif ici car celui qui forfait ne gagne en échange... que le simple plaisir de mal faire [non négligeable lorsqu'on est dans la détresse]... ou l'''estime'' d'un marionnettiste virtuel et l'assurance ou l'espoir de ne pas être dans son collimateur... marché de dupes : supposer que celui-ci n'agira pas de même contre lui voire n'a pas déjà agi sans qu'il ne le sache est candide : ce que fait l'élève recruté, le  maître recruteur le fera bien mieux si besoin est. Ici, on a un cas d'école : les propos que la ''copine'' me prête ont bien été tenus en effet... mais par celui  pour lequel elle roule... qui l'a sans doute persuadée qu'ils étaient "miens".. alors que je me suis au contraire insurgée. Autrement dit, le ''racisé'' -inconscient?- épaule le raciste.. pour éreinter qui l'a défendu contre celui-ci, un classique. Ici, ça fait plusieurs fois en peu de temps tout de même. Passons. Le concept d'honneur, défaillant, semble remplacé par l'intérêt ou parfois la courtisanerie. Dans ma famille comme chez beaucoup de cocos, de vrais cathos ou d'intellos de ''gauche'', même si le mot n'était jamais prononcé, il sous tendait tous nos actes. Une sorte de can't.




Volontairement, je ne veux pas aller devant la mairie ce matin. Il y aura sans doute P et je veux me débrouiller seule, comme pour la serrure. Orgueil mal placé ? peut-être. Mais où le placer au fait ? Ainsi n'aurais-je pas à remercier un politique. Je commence à m'endurcir. Est-ce un bien ? Peut-être.

J'ai vu Mme B. qui m'a saluée comme d'hab. Au point où ça en est avec les ''mimitants'', je m'attendais presque à ce qu'elle m'ignore. Peut-être ne s'agit-il que du déchirement de quelqu'un qui a espéré une mairie de ''gauche'' depuis 64 ans. Il est difficile de consentir à perdre ses illusions, surtout à 78 ans. Et cependant, mon histoire ne dit rien de précis sur la ''gauche'', seulement que ceux qui se disent tels ne le sont pas, et ceux qui se disent de ''droite'', non plus parfois. Mais on préfère toujours avoir des amis que des ennemis, évidemment, surtout s'ils sont maires. Je deviens de plus en plus dure c'est à dire lucide tout simplement, mais sans -trop- d'amertume.

Une rencontre aussi, intéressante ++ : un Monsieur qui me dit que mon attitude lui semble démesurée. Une grève de la faim pour ça ? Il ne comprend pas. Sans doute n'est-ce pas compréhensible ; il me cite Bobby Sands et là, j'embraye : Bobby a fait la grève de la faim parce qu'on les obligeait à vivre dans leurs cellules comme des bêtes et notamment qu'on les empêchait de se laver. On peut aussi dire -peut-être- que c'était démesuré, après tout, on peut vivre sale... Je crois que là aussi c'était -en bien plus grave bien sûr- une question de dignité. De justice aussi, comme pour moi. Pour quoi est-il légitime de faire une grève de la faim? Difficile à apprécier de l'extérieur. En gros, c'est lorsque l'on juge avoir été gravement bafoué dans son être quelle que soit la manière dont on l'a été et qu'on n'a aucun autre moyen de se défendre, du moins dans l'immédiat. En effet, j'ai jugé que mon affaire le méritait, à tort peut-être. Il me dit que lui effectivement a la chance de ne pas avoir de problèmes, il vit dans une maison isolée, n'a pas de voisins, une retraite etc... et avec la mairie -les Mages- tout baigne. OK. Sans doute les didascalies pourraient-elles être inversées, je pourrais être lui si moi aussi je n'avais subi ce que j'ai subi, et lui, moi. Le hasard, un ''bob'' (je laisse la coquille) hasard.




Ici, tout ne baigne pas, on est dans la zone. Il repasse et me dit qu'il n'a pas le temps aujourd'hui, la conversation l'a intéressé lui aussi et il reviendra demain. Je lui donne les blogs. Une observation : ce qu'il me dit et que j'admets tout à fait, m'a déjà été dit mais d'une autre manière et je ne l'ai pas admis. Réflexion de qui cherche réellement à comprendre d'un côté et de l'autre, malveillance et tentative de culpabilisation et de déstabilisation, ça fait toute la différence. Mais peut-être est-ce simplement relié au fait qu'il est intello -donc a les mots et le ton- tandis que la personne qui m'avait accablée ne l'était pas... N'est-il pas injuste que j'aie accepté d'un ''pair'' ce que j'ai violemment rejeté d'une autre? Ce qui est important dans le discours, c'est ce qu'il ne dit pas : d'un côté j'ai "entendu" une certaine estime troublée et interrogative ne demandant qu'à être éclairée, de l'autre, la rage et presque la haine. Je ne sais pas : peut-être me suis-je trompée. Je m'en veux peut-être a posteriori vis à vis de "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout." Quoique...


D, légèrement handicapé, me dit qu'il est fou amoureux; bien ! C'est une femme qu'il a rencontrée dans un magasin, celle qu'il cherchait depuis toujours. Quelques secondes à peine. "Ca m'a fait comme un choc électrique -dit-il- comme si dans ma tête tout éclatait, comme si je me régénérais".. Il est si  heureux, son visage s'éclaire. "Alors, tu la vois à présent?" ..."Non, je ne l'ai vue qu'une fois mais ça a changé toute ma vie"... "Mais tu ne l'as jamais revue ?" ... "Non, jamais depuis"... "Et ça fait longtemps?"... "Oh, six ans"...  Je songe qu'elle ne doit même pas savoir ce qu'elle a déclenché, qu'elle ne l'a sans doute même pas "vu", lui... Quelques secondes...

Momo ferme, je termine. Journée moyenne en somme... Les manèges sont partis d'un coup : comment trouvent-ils l'énergie de tout déménager constamment ? Plus personne soudain. Quand j'étais gosse, devant la tristesse et le vide qui suivaient leur départ, je rêvais de les suivre -je voulais être trapéziste et m'entraînais pour cela-. Au fond, à Paris, j'ai trouvé un ''15 août'' permanent, ça doit être ça... 

Mercredi 18 août
Rencontres encore... beaucoup, mais moins qu'hier.. des gens d'"ici" que j'avais aussi perdu de vue, pas mal... 

Et surtout deux : un monsieur des Mages [village avoisinant]qui pige au quart de tour, agréable, enfin ! Il pense -et a peut-être raison- qu'un adjoint a fait la "boulette" intentionnellement, le maire serait dépassé par une tache trop lourde pour lui et en effet ne "verrait" pas tout passer. Possible, mais ça ne change pas ma position. Je lui donne les blogs. 
Et un jeune avocat -en vacances- qui -forcément- milite pour un procès... auquel je répugne encore, et se propose de me défendre gratuitement tant il est écoeuré. Ca met du baume au cœur, dommage qu'il ne soit pas d'"ici"... et qu'aucun d'"ici" ne se soit intéressé à l'affaire, en "or" selon lui. 

J'ai arrangé l'affiche, maintenant, je suis rodée, j'ai le "chevalet" bricolé, assez classe, et je peux aussi porter les panneaux devant -et derrière- moi, ils sont légers, ce sont  des toiles... que je compte bien réutiliser lorsque l'affaire sera finie : femme-sandwich je suis devenue. Les gens lisent mieux que sur le péplum. Et on ne peut pas les enlever... ce qui a été tenté deux fois pour celles apposées devant la mairie, par l'adjoint estois et par le maire. -Ils l'ont seulement posée sur la tranche par terre derrière l'escalier-. 

Simple mon cher Watson : je les mets sur moi et n'ai plus qu'à m'asseoir à l'endroit où l'une était posée... et là, il faudrait alors m' "enlever" moi-même avec le panneau, ce qui est difficile à réaliser.. mais pas impossible. Gaminerie... si on veut. Mais pas seulement.

 Les copains ont débouché les écoulements, ouf, on peut presque se laver rue Désiré, mais avec un filet d'eau seulement. En fait, il a fallu percer pour faire d'autres évacuations, celles d'origine étant définitivement HS par la faute des maçons de P.. A présent, il va falloir repeindre les murs et les plafonds d'en bas, qui ont bu toute l'eau déversée du lavabo-évier du premier... avec la soude que C. avait mis dans les tuyaux... 
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